Lundi 30 novembre , 12h45: ça y est c'est le grand départ pour la transatlantique! Nous quittons Mindelo au son des cornes de brumes et sous les cris et applaudissements d'une foule en liesse...hum hum,heu quelques copains nous larguent les amarres, un peu fébriles, ils savent qu'ils vont y passer le lendemain ou surlendemain et visiblement l'impatience d'en découdre avec l'océan ne les gagne pas vraiment. Nous sommes donc les premiers (parmi nos connaissances) à faire le grand saut _ c'est comme pour la visite médicale à l'école, il vaut mieux passer en premier, comme ça c'est fait.._ et puis nous espérons ainsi avoir une place sur le podium.
Ça souffle pas mal, nous partons avec 3 ris dans la GV et 1/3 de génois, on avance bien, mais après quelques heures, on se retrouve au prêt (vent dans le nez)! Le truc impossible à en croire les discours de "ceux qui l'ont fait"! Tout le monde dit: la traversée, c'est vent portant de A à Z! Heureusement, la mauvaise blague est de courte durée, et les alizés se replacent dans le bon sens, nous mettons les voiles en ciseaux, Cap sur 283 degrés, à nous la Martinique dans 2075 miles nautiques! Et oui, petit changement de programme, nous visions la Barbade mais vu que nous devons gérer un SAV pour notre éolienne (elle a pas aimé les rafales du Cap Vert, c'est le comble!) nous préférons aller en territoire français.
Dès le 2e jour nous enlevons 2 ris dans la GV (et chaque jour par la suite nous en renlèverons, en remettrons et ainsi de suite, faut bien s'occuper):
Le 3e jours, on prends nos aises, la mer est pour une fois peu agitée, presque agréable, Seb met la ligne à l'eau et pêche une daurade corrifène pour 2 personnes! ( la taille est pour nous très importante car nous avons coupé le frigo, vu qu'on a plus d'éolienne..) Trop Cool, c'est la première fois et en plus c'est délicieux. Le 4e jour rebelote, mais cette fois la daurade est beaucoup plus grosse, on en mange è toutes les sauces: au four, en filet à la poêle, en salade, en brandade... mais après 6 repas à base de daurade, on décide de faire une pause à la ligne de traine.
Les jours et les nuits se suivent et se ressemblent un peu: la mer à 360 degrés pour seul paysage, et dire qu'on nous avait parlé "d'autoroute"! Elles sont où les aires de repos pour se dégourdir les jambes, boire un café et faire pipi? Et la circulation? Plutôt fluide! On a vu notre premier Cargo au bout de 5 jours, puis parfois au loin un bateau une fois tous les deux jours, à peine!
Les 5 derniers jours sont beaucoup plus sportifs, beaucoup de houle, ça devient très périlleux de faire quoique ce soit à bord; par exemple la cuisine, quand tu as besoin d'une main pour te tenir, et d'une autre pour la cocotte (et oui, on fait tout dedans pour éviter les débordements) et bien, tu fais comment pour casser un œuf par exemple? Tu jongles! D'ailleurs par expérience, les crêpes dans la cocotte c'est pas ce qu'il y a de plus pratique pour les retourner, heureusement on en avait pas beaucoup à faire vu que la moitié de la pâte avait fini sur le canapé! Merci la vague.
Niveau météo y'a du changement aussi – a part la chaleur étouffante qui persiste- nous rencontrons nos premiers grains. Un grain c'est censé être un gros coup de vent accompagné de pluie: Au premier gros nuage nous nous préparons: nous réduisons la toile et attendons patiemment l'arrivée de la pluie qui pourra enfin laver le bateau (3 mois et demi que nous n'avons pas vu la moindre goutte d'eau tomber du ciel), en effet après un séjour au cap vert, tout est orange; le pont, les bouts, le drapeau bleu-orange-rouge (pas très réglo), et nos fringues...bref on attends dans le cockpit, tahiti douche à la main (autant en profiter), et là, vulgaire petit crachin breton qui ne fait que des traces dans la poussière! Heureusement, les grains suivant seront beaucoup plus violents, on avancera à 9 ou 10 nœuds avec pointes à 14,6nds!
Bon maintenant on à hâte d'arriver car on commence sérieusement à se tourner les pouces, vivement la Martinique! On a un peu l'impression d'arriver à la maison: on va pouvoir ranger les dicos d'espagnol et de portugais ainsi que nos talents de mime. On devrait aussi trouver du fromage, un bon steak, du jambon digne de ce nom sans oublier des petits accras de morue pays....
Après 13 jours et demi de face à face avec l'océan, nous arrivons lundi 14 décembre à 3h du mat dans la nuit noire, sous un gros coup de vent, on met l'ancre un peu au pif à Ste Anne!
Ça y est on est arrivé, on est des héros!!